Le dispositif de l'Union européenne qui devrait être
adopté au plus tard à la fin du premier semestre 2023, entrera en vigueur « fin
2024 au plus tôt », rassure l'Union Européenne (UE). « L'entrée en vigueur
n'est pas immédiate, elle se fera fin 2024 au plus tôt, ce qui implique que
nous avons le temps de nous préparer », a dit ce Mardi 7 Février 2023 Mme
Francesca Dimauro, l'ambassadeur de l'UE en Côte d'Ivoire. La diplomate
européenne s'exprimait, en marge d'un atelier à Abidjan, portant sur le
règlement de l'Union européenne (UE) relatif aux produits associés à la
déforestation et à la dégradation des forêts : cas de la filière café-cacao.
Cet atelier, organisé par le Conseil café-cacao,
organe de régulation de la filière, a été ouvert par le Ministre d'Etat, Ministre
de l'Agriculture et du Développement Rural, KOBENAN Adjoumani Kouassi, en
présence de plusieurs acteurs du secteur.
Selon l'ambassadeur de l'UE en Côte d'Ivoire, « l'idée, aujourd'hui,
c'est de décortiquer ce règlement et de voir toutes ses facettes », tout en
assurant que « la Côte d'Ivoire est sur la bonne voie parce qu'elle a pris déjà
des engagements très forts par rapport à la lutte contre le changement
climatique ». A la COP 27, dira-t-elle, le Vice-Président ivoirien, Meyliet KONE,
a décrit les engagements du pays qui veut « doubler » son couvert forestier en
passant de « 10 à 20% ». Mais, pour y arriver, il faut s'attaquer à la
déforestation.
En Novembre 2021, la Commission européenne a proposé
un « Projet de règlement sur la déforestation importée ». Ce projet est relatif
à la mise à disposition sur le marché de l'Union ainsi qu'à l'exportation à
partir de l'Union, certains produits de base et produits associés à la
déforestation et à la dégradation des forêts. Il vise à limiter la
déforestation causée à travers le monde par différents produits commercialisés
en Europe. Avec ce projet, l'UE entend restreindre l'importation et la vente
sur son marché de certaines matières premières que sont : le bétail, le cacao,
le café, l'huile de palme, le soja, l'hévéa et le bois. Parmi les matières
premières ciblées par ce projet de règlement de l'Union européenne, la majorité
fait partie des exportations ivoiriennes, faisant de la Côte d'Ivoire l'un des
pays qui sera le plus impacté par ledit règlement. La Côte d'Ivoire est le
premier producteur mondial et les répercussions pourraient être considérables
quand on sait que ce produit représente 14% du PIB, 35 % des recettes à l'export
et qu'il offre près d'un million d'emplois qui contribuent à la subsistance de
plus de cinq millions de personnes.
« Concernant le règlement, à la suite de l'accord
interinstitutionnel du 5 Décembre 2022 entre la Commission européenne, le
Parlement et le Conseil Européens, ce texte ne sera plus modifié, sauf dans les
cas prévus au chapitre 8, consacré aux possibilités de réexamen », a fait
savoir le Ministre d'Etat, Adjoumani Kouassi. Selon lui, il y a « des mesures
qui ne peuvent pas être appliquées sur le terrain ». La partie ivoirienne va «
regarder tour à tour les différents articles et voir dans la mesure du possible
des amendements qui peuvent y être apportés ». « Je ne pense pas que la volonté
de l'Union européenne soit de brimer nos pays, au contraire on est heureux que
l'UE nous aide à préserver nos forêts, et le Conseil du café et cacao œuvre à
cela », a-t-il déclaré. « Le soja ne se cultive pas dans la forêt, or on l'a
intégré dans les produits. Le soja, c'est plus ou moins en zone savanicole,
alors les forêts ne sont pas concernées. Est-ce qu'il faut continuer de
considérer cela comme un produit à la base de la déforestation ? », s'est-il
interrogé. « On dit que le palmier à huile par exemple est un arbre forestier
(…) beaucoup de gens aiment aller dans les plantations de palmiers pour se
recueillir et prendre de l'air, dire que c'est un arbre qui peut contribuer à
la déforestation, ça aussi on a la possibilité de justifier », a-il poursuivi.
L'Etat de Côte d'Ivoire et l'UE ont, selon Mme
Dimauro, « déjà entamé tout un dialogue autour de cette réglementation. Ce
n'est pas la première fois », se félicitant de ce que le pays ait un système de
traçabilité, des cartes de producteurs et lutte contre la déforestation avec
une stratégie nationale de reforestation. L'UE a apporté des appuis techniques
et financiers à la Côte d'Ivoire et qui ont permis de donner au pays de
nombreuses avancées sur les autres Etats et les moyens pour se préparer, grâce
à un appui budgétaire de 8 millions d'euros, soit environ 5 milliards de Fcfa,
a-t-elle souligné. Cet appui, mobilisé par l'Union européenne, a permis de «
soutenir la Côte d'Ivoire dans l'élaboration d'une ambitieuse stratégie
nationale de cacao durable et la mise en place d'instruments de traçabilité et
de suivi », a relevé la diplomate européenne.
Source : Journal du Mali