Le Gouvernement de Côte d’Ivoire, à travers Le Conseil
du Café-Cacao, et les représentants de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire ont
mené conjointement des réflexions au cours d’un atelier tenu ce mardi 7 février
2023 à l’hôtel Pullman, Plateau. Le Conseil Café-Cacao veut s'approprier le
règlement de l'Union Européenne (UE) sur la déforestation imputable à la
filière. Le Conseil de l'UE a entériné en septembre 2022 de nouvelles
dispositions pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts à
l'échelle mondiale.
Les pays de l'Union, de ce fait, devront veiller à ce
que les produits qu'ils consomment ne conduisent pas à épuiser les réserves
forestières de la planète. Ces mesures ciblent l'huile de palme, le bois, le
café et le cacao. Ainsi, des « règles de diligence raisonnée obligatoires » ont
été établies pour tous les opérateurs et les marchands qui mettent à
dispositions des produits sur le marché de l'UE ou exportent à partir de
l'Union. Le texte réglementaire s'applique également à des produits dérivés
tels que le cuir, le chocolat et le mobilier.
La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao,
veut s'adapter à cette norme de l'Union européenne qui contraint désormais les
pays et les chocolatiers à la traçabilité. Pour aborder les enjeux de cette
disposition, le Conseil Café-Cacao de Côte d'Ivoire, organe de régulation de la
filière, a organisé ce Mardi 7 Février 2023 un atelier sur le règlement de l'UE
relatif aux produits associés à la déforestation et à la dégradation des
forêts, notamment le cas de la filière café-cacao. Cet atelier est l'occasion
pour l'Etat de Côte d'Ivoire et ses partenaires de s'approprier le règlement et
de commencer à faire des propositions de solutions permettant de garantir la
continuité de l'accès du cacao ivoirien au marché de l'Union Européenne.
A l'issue des négociations entre la Commission, le
Conseil et le Parlement européens relatives à la proposition de règlement de
l'UE sur les produits sans déforestation, un texte de compromis a été trouvé le
5 Décembre 2022 par ces trois Institutions (Commission, Conseil et Parlement
européen). Dans sa version initiale, le texte cible sept matières premières et
produits, notamment le cacao, le café, le bœuf, l'huile de palme, l'hévéa, le
bois et le soja, dont cinq sont exportés par la Côte d'Ivoire vers l'Union
européenne. Le cacao représente 14 % du PIB du pays, 35 % de ses recettes à
l'export et près d'un million d'emplois qui contribuent à la subsistance de
plus de cinq millions de personnes. Pour ce faire, la Côte d'Ivoire veut
s'accorder avec l'UE sur le contexte ivoirien afin de ne pas être pénalisée par
cette mesure. En ce qui concerne le caoutchouc, la Côte d'Ivoire exporte chaque
année pour une valeur de 355 millions d'euros vers l'Union européenne.
Pour le bois, il s'agit de 55 millions d'euros,
l'huile de palme 32 millions d'euros et le café pour le même montant. La
réglementation sur la déforestation comprend un système de classification par
niveau de risque qui attribue aux pays tiers et à l'Union européenne un niveau
de risque lié à la déforestation et à la dégradation des forêts (faible,
standard ou élevé) par produit. Le système de classification tiendra compte
d'une série de critères objectifs, principalement les taux de déforestation et
de dégradation des forêts (y compris en milieu rural), et le taux d'expansion
des terres agricoles pour les produits concernés. La classification attribuée
déterminera la part des mesures prises pour contrôler les opérateurs. Une fois
la réglementation adoptée (au plus tard à la fin du premier semestre 2023) la
Commission européenne aura 18 mois pour adopter les actes d'exécution qui
permettront d'en faciliter la mise en œuvre. Ces actes d'exécution concernent
toutes les dispositions pertinentes du règlement, notamment les critères
associés au système de classification par niveau de risque des pays tiers
concernés par le règlement sur la déforestation.
Le Ministre d’État KOBENAN Adjoumani a exhorté les
experts ivoiriens et leurs partenaires à s’approprier le règlement de l’Union
Européenne sur la déforestation, en vue d’élaborer et de consolider des propositions
de solutions permettant de garantir la continuité de l’accès du cacao ivoirien
au marché de l’union Européenne, tout en invitant "l’Union Européenne à
reconnaitre également les multiples efforts entrepris par la Côte d’Ivoire en
matière de durabilité de la chaîne de valeur du cacao".
Source : Journal du Gabon,
Abidjan.net