Côte d'Ivoire : vers une forte baisse de la production de cacao?

 

Tout porte à croire que la politique agricole ivoirienne  tend à prendre un sacré coup dans le domaine de la cacao-culture. Toutefois, le Conseil café-cacao (CCC) qualifie ces craintes de « rumeurs » et assure qu’il n’y a pas de risques de défaut d’exécution des contrats. L’institution explique que la prévalence de 6 multinationales sur le négoce des fèves certifiées a faussé le marché et appelle désormais à un contrôle des achats des multinationales. Le CCC reconnaît également une baisse de la production en raison des conditions climatiques. Sur le terrain, plusieurs constats : la production de la campagne intermédiaire par rapport aux années précédentes sera beaucoup plus faible, faute de pluies, mais également faute de travailleurs disponibles. 

Devant un grand magasin vide, producteurs, pisteurs et responsables administratifs partagent un café bien serré. Il n’y a pas un sac de fèves de cacao dans l’entrepôt. Selon Anina KAABASS, responsable qualité, la production a considérablement chuté. « C’est lié un peu au changement climatique, il ne pleut pas assez et nous avons vu un peu la déforestation qui impacte un peu la production. L’année passée, à la même période, on trouvait un peu les fèves. Mais cette année, c'est le contraire, même en réalité aura-t-on une campagne intermédiaire ? C’est la question que l’on se pose. » 

Boukary OUEDRAOGO, producteur sur une plantation de 3 hectares à Adjaméné, redoute que la pénurie ne se poursuive. « Nous, on est très inquiet parce que l’année passée a été bonne, mais cette année, il n’y a rien. Il y a trop de baisse parce que l’année passée, la campagne intermédiaire, on pouvait en avoir 5, mais cette année, c'est 3. Il y a donc un grand écart entre l’année passée et cette année. »

Selon Abelle Kla GALO, spécialiste de la filière, les mauvaises conditions climatiques ne sont pas le principal facteur de la baisse de la production dans l’ouest ivoirien. Les jeunes planteurs migrent en masse vers le Liberia voisin. Plus de 10 000 se sont déjà installés de l’autre côté de la frontière.  

« La deuxième génération, fils de planteurs, censée prendre en compte les plantations de leurs parents et qui avait aussi des plantations en forêt classée, ont trouvé mieux d’aller au Liberia que de continuer dans les forêts classées où chaque jour, ils sont pourchassés par les agents des Eaux et Forêts qui ont pour mission de reconquérir les forêts classées des réserves de Côte d’Ivoire. »

La production de cacao en Côte d’Ivoire est en constante augmentation depuis 2011 en raison de l’utilisation des intrants et du grignotage des forêts classées. Elle est passée de 1 million 400 tonnes il y a 10 ans à plus de 2 millions de tonnes aujourd’hui. Mais en considération du changement climatique, et des nouvelles réglementations internationales, elle pourrait baisser dans les années à venir. 

Source : VivAfrik

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