Chaque année, le cacao, surnommé « or
brun », joue un rôle crucial dans l'économie ivoirienne. Cependant, 2024 se
distingue par une série de réussites, d'opportunités et de contraintes
significatives pour ce secteur vital. Nous vous proposons de faire un point à
mi-chemin.
La Flambée des Prix du Cacao
Le fait marquant de l'année est la
hausse vertigineuse des cours mondiaux du cacao, avec le prix de la tonne qui a
atteint le coût historique de 10 000 dollars. Cette situation a permis à
certains pays, comme le Cameroun, de vendre le kilogramme de cacao à des prix
record, parfois dépassant les 4000 F CFA. En Côte d'Ivoire, malgré une
commercialisation anticipée de la récolte, les autorités ont fixé un prix
attractif de 1500 F CFA/kg pour la petite traite du cacao, promettant des
effets bénéfiques à venir si les tendances se maintiennent.
Les Défis et les Pratiques Frauduleuses
Cette situation lucrative a
malheureusement encouragé des comportements frauduleux parmi certains acteurs
du secteur. Des coopératives ont commencé à retenir les fèves pour spéculer
auprès des exportateurs confrontés à des difficultés d'approvisionnement. Les
plantations vieillissantes, les impacts du changement climatique et les
initiatives de conservation forestière ont contribué à une baisse de la
récolte, intensifiant la concurrence au niveau du négoce et les pratiques
illégales, y compris le trafic transfrontalier de cacao. Ces activités mettent
grandement à mal les recettes de l’Etat ivoirien attendues du secteur du Cacao.
La Crise de la Certification Fairtrade
La certification Fairtrade, gage de
qualité et d'éthique, connait une crise. Le Conseil du Café-Cacao (CCC) a
suspendu le programme Fairtrade courant Avril, après avoir constaté une
augmentation suspecte du cacao certifié, passant de 50 % à plus de 90 % en un
an. Cette suspension bien reçue par FairTrade International est accompagnée d’audits
rigoureux pour situer les points de fraude et renforcer les dispositifs de
contrôle pour protéger l'intégrité du label et la réputation du cacao ivoirien.
Mesures et Réactions des Autorités
Face à ces défis, le CCC a pris des
mesures sévères, suspendant les agréments des coopératives et des acteurs
impliqués dans des pratiques frauduleuses. Le Directeur Général du CCC, Koné
Yves Brahima, a réaffirmé l'engagement de l'organisme à stabiliser la filière
et à promouvoir une commercialisation transparente et équitable. Des visites
inopinées sur le terrain seront multipliées pour prévenir et traquer la fraude,
assurant ainsi les intérêts des producteurs et la durabilité du cacao ivoirien.
Conclusion
Il est dommage que des opportunités
pouvant augmenter les revenus de la filière Cacao se muent en perturbations
pour le secteur car certains veulent se faire les poches au détriment des
autres et au mépris des règles établies. La lutte contre la fraude est
essentielle pour maintenir la position de la Côte d'Ivoire en tant que leader
mondial de cacao et pour garantir des pratiques équitables et transparentes
dans toute la filière.