Pour la troisième année consécutive, la production de cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux principaux producteurs mondiaux, est bien en dessous des attentes. Les acteurs locaux et internationaux peinent à s'approvisionner, entraînant une flambée des prix. Après une augmentation en mars 2024, les prix ont bondi à plus de 10 100 dollars la tonne à la bourse ICE en juin.
Pour illustrer l'ampleur du déficit, le Ghana vend chaque
année par anticipation près de 80 % de ses récoltes. Habituellement, la
production ghanéenne avoisine les 800 000 tonnes, mais les projections pour
cette année indiquent qu'elle atteindra difficilement 500 000 tonnes. En Côte
d'Ivoire, où la vente par anticipation est également pratiquée, la récolte de
2022 a atteint 2,4 millions de tonnes, contre une production estimée à
seulement 1,75 million de tonnes pour 2023/24.
Face à ces déficits de fèves, la Côte d'Ivoire a interdit
en juin les exportations de fèves non transformées pour permettre aux
industries locales de s'approvisionner. Les volumes des contrats à terme pour
la saison prochaine devraient être revus à la baisse, certains contrats déjà
signés n'ayant pas encore été honorés. Les autorités ivoiriennes manquent
encore de visibilité sur les projections de production pour 2024/25. Le Ghana
devrait adopter une approche similaire, bien que la situation y soit plus
alarmante, avec un déficit de plus de 300 000 tonnes pour honorer les contrats
de l'année dernière.
La situation est d’autant plus alarmante qu’on ne connait
pas l'état des stocks des grands transformateurs. L'ICCO (Organisation
Internationale du Cacao) se retrouvera prochainement en session pour évaluer
l'état des réserves de fèves. Michel ARRION, Directeur exécutif de l'ICCO,
estime que la Côte d'Ivoire devrait permettre une concurrence naturelle entre
les fournisseurs locaux et internationaux.
Les experts cherchent des solutions à cette crise de
rendement, qui risque de persister. L'Afrique de l'Ouest restera encore pour
quelques années le principal fournisseur mondial de cacao, le temps que les
pays d'Amérique latine augmentent suffisamment leur production pour répondre à
la demande mondiale.
Source : zonebourse, RFI